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  le blog pensees-du-matin

le blog pensees-du-matin

tout ce qui me passe par la tete .reflexions sur l actualité ou la vie et de l humour.


fable de Jean de LA FONTAINE

Publié par marc sur 17 Février 2015, 07:40am

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LE CHIEN ET LES CHACALS


> > Du coquin que l’on choie, il faut craindre les tours


Et ne point espérer de caresse en retour.
> > Pour l’avoir ignoré, maints nigauds en pâtirent.
> > C’est ce dont je désire, lecteur, t’entretenir.
> > Après dix ans et plus d’homériques batailles,
> > De méchants pugilats, d’incessantes chamailles,
> > Un chien était bien aise d’avoir signé la paix
> > Avec son voisin, chacal fort éclopé
> > Qui n’avait plus qu’un œil, chassieux de surcroît,
> > Et dont l’odeur, partout, de loin le précédait.
> > Voulant sceller l’événement
> > Et le célébrer dignement,
> > Le chien se donna grande peine
> > Pour se montrer doux et amène.
> > Il pria le galeux chez lui,

Le fit entrer, referma l’huis,
> > L’assit dans un moelleux velours
> > Et lui tint ce pieux discours :
> > « Or donc, Seigneur Chacal, vous êtes ici chez vous !
> > Profitez, dégustez, sachez combien je voue
> > D’amour à la concorde nouvelle entre nous !
> > Hélas, que j’ai de torts envers vous et les vôtres,
> > Et comme je voudrais que le passé fût autre !
> > Reprenez de ce rôt, goûtez à tous les mets,
> > Ne laissez un iota de ce que vous aimez ! »
> > L’interpellé eut très à cœur
> > D’obéir à tant de candeur.
> > La gueule entière à son affaire,
> > Il fit de chaque plat désert
> > Cependant que son hôte affable
> > Se bornait à garnir la table.
> > Puis, tout d’humilité et la mine contrite,
> > En parfait comédien, en fieffée chattemite,
> > Il dit : «Mais, j’y songe, mon cher,

Nous voici faisant bonne chère
> > Quand je sais là, dehors, ma pauvrette famille :
> > Mes épouses, mes fils, mes neveux et mes filles,
> > Mes oncles et mes tantes que ronge la disette,

Toute ma parentèle tant nue que maigrelette.

Allons-nous les laisser jeûner jusqu’au matin ? »
> > "Certes non ! » répliqua, prodigue, le matin,
> > Qui se leva, ouvrit, et devant qui passèrent
> > Quarante et un chacals parmi les moins sincères.
> > Sans tarder cliquetèrent les prestes mandibules

Des grands et des menus, même des minuscules.
> > Ils avaient tant de crocs, de rage et d’appétit,
> > Ils mangèrent si bien que petit à petit
> > Les vivres s’étrécirent comme peau de chagrin
> > Jusqu’à ce qu’à la fin il n’en restât plus rien.

Ce que voyant, l’ingrat bondit :
> > « Ah ça, compère, je vous prédis
> > Que si point ne nous nourrissez
> > Et tout affamés nous laissez
> > Tandis que vous allez repu,
> > La trêve entre nous est rompue ! »
> > Ayant alors, quoi qu’il eût dit,
> > Retrouvé forces et furie,
> > Il se jeta sur son mécène,

Et en une attaque soudaine

il lui récura la toison,

Aidé de toute sa maison.

Puis, le voyant à demi-mort,
> > De chez lui il le bouta hors.

Et l’infortuné crie encore

«La peste soit de mon cœur d’or ! »

Retenez la leçon, peuples trop accueillants :

À la gent famélique, point ne devez promettre.
> > Ces êtres arriérés, assassins et pillards

Marchent en rangs serrés sous le vert étendard.
> > Vous en invitez un, l’emplissez d’ortolans,

Et c’est jusqu’à vos clefs qu’il vous faut lui remettre.
> >

Jean de LA FONTAINE

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